Un peu les deux. Quand j’ai sorti le premier album, je n’avais pas de vision d’une carrière solo. J’avais juste envie de me prouver que je pouvais tout faire tout seul. Après, j’ai très vite réintégré le groupe et nous sommes repartis en tournée. L’envie est revenue tardivement, quand on a décidé avec le groupe de garder un contact permanent avec la scène, après «Revoir un printemps». On tournait avec une moyenne de deux concerts par mois. Et comme je passais une grande partie de l’année avec des rappeurs, des DJ, des danseurs, ça a créé une énergie motivante. Donc l’envie est revenue sur la route. J’ai gratté mes premiers morceaux sur la route.
IAM en studio
Le groupe marseillais travaille en ce moment sur un nouvel album. «On avait prévu de reprendre des musiques d’Ennio Morricone, mais vu les exigences des maisons de disques et des éditions, on se recentre sur un travail avec des productions purement IAM, tout en gardant la porte ouverte parce qu’on a encore quelques cartes à jouer. On doit notamment entrer en contact avec lui. Mais pour l’instant on part plus sur un album «classique» avec Imhotep aux commandes», explique Shurik’n.
«Où je vis» est un classique du rap français. La pression a du être lourde pour ce nouveau disque?
Un peu mais elle a été atténuée par le fait que ce n’était pas un comeback. Je n’ai pas arrêté pendant ces 14 ans et les gens ont continué de suivre ce que je faisais. Ma seule pression était d’aller explorer ailleurs. De ne pas refaire un deuxième «Où je vis» 14 ans après.
Le disque est sorti il y a six mois, quels sont les retours?
Je suis très content. On a de très bons retours, on continue de faire des concerts et, au niveau des ventes, on est loin d’être à plaindre.
Pour vous, ça a encore du sens de sortir des disques en 2012?
Oui, bien sûr. L’industrie du disque a été la première a pâtir de la crise. Mais aucun artiste n’en a tenu compte pour ralentir sa production. Il y a encore beaucoup de demandes au niveau des albums. On est un peu le cul entre deux chaises. On n’est pas encore au tout numérique mais on n’est plus complètement dans le physique. On s’approche d’un tournant mais on n’y est pas encore, au contraire d’autres pays où les ventes numériques ont dépassé les physiques.
Sur l’album se trouvent de nombreux producteurs dont les Suisses Sensay, GR! et F. Comment cela s’est fait?
Je viens en Suisse depuis une vingtaine d’années et j’y ai même vécu donc je connais énormément de monde, surtout à Lausanne. J’ai ma deuxième famille là-bas et on attend juste le moment d’y retourner avec ma femme. J’ai rencontré ces producteurs par des amis interposés.
Qu’est-ce qui vous a plu chez eux?
Ils sont doués, ils sont vraiment très bons. Ils ont un sens de la mélodie et du rythme qui correspond à la façon dont on perçoit le rap. En plus on a des affinités au niveau personnel.
Vous aimez tellement la Suisse, vous pensez venir y vivre?
Oui, je veux venir m’installer à Lausanne. J’aime beaucoup le mode de vie, tous les gens que j’y connais, comment la ville bouge, etc. Au niveau du pays entier, les rapports qu’ont les gens entre eux est différent. Malgré le froid, j'y viens depuis longtemps et même ma femme, qui vient de Genève, a été séduite. On y avait déjà vécu un an et demi, avant de redescendre à Marseille.
Les autres membres d’IAM ont-ils donné leur avis sur vos morceaux ou vous avez travaillé dans votre coin?
Dans les producteurs, il y a quand même Akhenaton et Imothep. Et en plus l’album a été enregistré au studio Camouflage de Marseille donc oui, tout le monde est passé et je leur faisais écouter mes morceaux. J’ai tenu compte des avis parce que je sais qu’on est sur la même longueur d’onde. Une fois passé le processus de création, j’ai besoin d’avoir des avis extérieurs.
Comment procédez vous pour écrire?
J’ai besoin de m’enfermer avec l’instru à fond dans les oreilles pendant des heures pour trouver des trucs. La musique m’emmène dans différents endroits. Mais ce n’est pas non plus de l’autarcie complète. J’ai aussi besoin de vivre pour écrire. Donc après une session d’écriture, j’ai besoin de sortir, de boire un café.
Avant les rappeurs et le public avaient le même âge. Maintenant, il y a un grand fossé entre les rappeurs de l’ancienne école et le public. Vous y pensez lorsque vous écrivez?
Non. J’ai conscience que lorsque j’écris certains sujets vont peut-être passer au-dessus des jeunes. Mais avec mon âge et mon vécu je ne peux pas faire un album qui ne concernerait que les jeunes de 17 ans. J’écris ce que je suis. Mais nos passages sur scènes nous montrent que nous avons un public très transgénérationnel, très mélangé et éclectique. Pour nous, c’est une fierté.
De nombreux anciens décrochent ou changent de style de musique. Vous, vous avez la même motivation qu’à vos débuts?
Oui et j’espère que cela s’entend dans l’album. J’aime le rap. Après avoir peiné à l'école, j’ai fini par aimer écrire, aimer les mots et les métaphores. On a gardé notre vision du départ. On a toujours fait partie de la culture hip-hop, le rap n’en étant qu’une discipline. Alors que pour beaucoup d’autres, le rap est très vite devenu un moyen de gagner de l’argent.
Est-ce que le terme hip-hop a encore du sens en 2012?
Pour nous oui, parce que c’est notre façon de voir les choses et de concevoir le rap. C’est vrai que chez les plus jeunes, cette mentalité est moins présente, même si elle revient. Ils revendiquent juste le fait de faire du rap, sans avoir forcément une idée d’où ça vient.
Vous êtes père. Est-ce que cela a changé quelque chose dans votre façon de vivre le hip-hop au quotidien?
Forcément parce que lorsque tu deviens père, tes préoccupations changent. Tu es obligé de prêter attention à ce que tu fais, de choisir à qui tu fais confiance. Tu ne peux plus penser qu’à toi. Mais en ce qui concerne le hip-hop, ça devient de l’eau au moulin de mon écriture. Cela me donne encore plus de rage pour réagir à des sujets qui ne me conviennent pas parce que je pense à mon fils et à son futur.
Et lorsque vous écrivez, vous pensez que votre fils est l’un de vos auditeurs?
Oui, bien sûr. Même si certains passages lui passent encore au-dessus de la tête. Mais j’écris certaines choses différemment. Il écoute du rap, comme tous les jeunes de 11 ans. Mais lui son truc c’est plutôt Sexion d’Assaut, Orelsan, etc.
Vous aimeriez développer son attirance pour le rap?
S’il en manifeste l’envie oui mais je ne vais pas le forcer, le lui imposer. Mais il baigne dedans donc il y a des chances que cela arrive.
Vous faites énormément de concerts avec IAM. Vous n’en avez pas marre de jouer les mêmes morceaux?
Si des fois. Par le passé, ça nous est arrivé parce qu’on était dans un esprit de nouveauté. Mais après on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas passer à côté de certains morceaux. Et quand on voit l’interactivité avec le public, on a vraiment du plaisir à les jouer.
Quelle est votre recette pour avoir toujours autant la pêche et le sourire sur scène?
Aucune. On reste nous-mêmes. On prend notre musique au sérieux mais on ne se prend pas au sérieux. On a du plaisir sur scène, on a la chance de vivre de notre passion.
alors shurikn a vecu en suisse et son fils ecoute sexion d assaut
RépondreSupprimerJe suis le 108 ème être humain qui est né ce mois,dans un département en 1969. Ca, c'est que nous devons, comme des rats pelés, rappeler pour justifier de notre "réelle" existence. Mais en fait, je suis né le même jour que le 240 ème être humain nait dans un département en 2005. Et c'est à ce moment là que l'on sait, que plus jamais, au fond de soi, on aura à justifier de son existence!
RépondreSupprimerQuasiment 1 semaine sans news....t'es en vacance yannick?
RépondreSupprimer;-)