lundi 11 janvier 2010

Le Dauphiné libéré: IAM, les défenseurs de la mosaïque identitaire

Le Dauphiné libéré a réalisé une itw d'Imothep et Akhénaton qui balaye de très nombreux sujets d'actualité: le débat sur l'identité nationale, Hadopi, la création et le Hip Hop.

Qui êtes-vous dans le groupe IAM ?

Imhotep : Je suis Imhotep, autrement dit "l'architecte musical". Je suis compositeur ou co-compositeur du groupe depuis le début. Historiquement, c'est moi le premier qui ai commencé à toucher les machines, les échantillonneurs, les boîtes à rythme, etc. Pour moi, les premiers samples, c'était en 1988. Au sein du groupe IAM en 1989. On s'est rencontré début 1989, et on a commencé à travailler sur la cassette Concept qui était le prototype de Planète Mars.

IAM a toujours défendu l'idée d'une mosaïque culturelle et identitaire. Que pensez-vous de l'opportunité d'un débat sur l'identité nationale ?

Imhotep : Il y a quelques années, c'étaient les "bienfaits de la colonisation "que les politiques ont voulu imposer [...] Périodiquement, les hommes politiques ont besoin de légitimer leur pouvoir et leur influence. Ca fait partie de la propagande, de l'imposture qui permet à ces gens-là de régner, de dominer [...] Si demain on explique aux jeunes qui vivent dans le quartier qu'on a fait venir ici leur grand-père ou leur arrière-grand-père pour faire chair à canon - et en première ligne - ou pour reconstruire le pays, ça donnerait une légitimité à leurs revendications. C'est comme s'ils étaient privés de leur histoire [...] Le problème de l'identité nationale, il faut le remonter au début du siècle, et même jusqu'à l'esclavage, si tu veux vraiment être équitable...
Akhenaton : Et même à l'homme de Néandertal ! Il réclame ses droits sur la France (rires) ! Moi je suis pour qu'on se fasse pousser la barbe et qu'on mange des racines (rires).

Vous venez bientôt à Montélimar, où il y a une mosquée, avec bientôt un minaret. Comment avez-vous reçu le résultat de la votation suisse sur l'interdiction des minarets ?

On l'a mal vécu mais on s'en doutait un peu. La Suisse, c'est comme la France : y'a un habitant sur deux qui vote à droite, donc qui est soit pas très malin, soit pas très cultivé, soit les deux (rires). J'ai vu à cette occasion-là une interview d'une vieille Libanaise à Beyrouth. On lui demandait son avis sur le vote suisse : C'est un scandale. Ici au Liban, il y a des églises, des synagogues, des mosquées, on vit tous ensemble, chacun pratique sa religion... En plus c'est un pays qui est en prise directe avec des conflits très lourds, mais où l'on arrive encore à prôner la paix et l'harmonie entre les trois religions monothéistes. Il faut que ce soit les Suisses, qui sont les premiers à se gaver sur de l'argent pourri, qui disent "non" aux minarets.

La donne politique et la société françaises ont beaucoup changé depuis vos débuts. Quel regard portez-vous dessus ?

Je pense qu'on est arrivé à un stade de désinformation et d'inculture monstres [...] la jeunesse est complètement dépolitisée, elle ne maîtrise pas du tout les notions de base, ne revendique pas là où il faudrait, est agressive là où il faudrait amener du savoir, de la connaissance et du vocabulaire [...] Les jeunes ne savent pas d'où ils viennent, ils sentent bien qu'il y a un problème, mais ils ne savent pas d'où ça vient. Moi je le sens mal...

Quid de l'évolution de Marseille ?

Il y a toujours un grand déséquilibre. Il suffit de regarder la fréquence de nettoyage entre les quartiers-nord et les quartiers-sud. Parfois, il suffit de traverser la Canebière [...] Marseille est construite sur une disparité nord-sud [...] et ce qui fait tenir Marseille, c'est le lien social qui existe depuis 2600 ans et qui a été construit par des vagues successives d'immigration, avec des hauts, des bas, des rejets, du racisme, comme partout... Quelqu'un a dit Marseille est la capitale des gens qui viennent d'ailleurs. C'est bien vu.

Que pensez-vous de la musique gratuite sur internet et de la loi Hadopi ?

Tant qu'on pourra avoir de la musique gratuite, je ne vois pas pourquoi on paierait [...] La loi Hadopi, c'est une grosse hypocrisie. Le problème c'est pas les utilisateurs, c'est la technologie qui est mise à leur disposition, et "youtube" ou "dailymotion" qui payent une misère en droits d'auteur à la Sacem. Commençons déjà par évaluer, mettre en place une rétribution équitable de ce qui est vraiment joué sur internet. Quand nos clips passent sur internet, on n'est pas payé, il faut qu'on m'explique... Le vrai hiatus est là, et la loi Hadopi ne servira à rien. Par exemple, on est dans une maison de disque qui fait aussi des forfaits-internet et des forfaits-mobile. Leur accroche c'est Pour 15 € par mois, téléchargez tout ce que vous voulez dans le catalogue de la maison de disque. Mais quand on va voir la maison de disque et qu'on leur dit Au fait, comment vous nous payez là ?. Ils répondent qu'ils ne nous payent pas, parce que c'est considéré comme de la vente promotionnelle...

Article d'origine: http://www.ledauphine.com/iam-les-defenseurs-de-la-mosa-que-identitaire-@/index.jspz?chaine=14&article=244595

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