mercredi 14 avril 2010

[Libération.fr] IAM, total Kheops

Les yeux qui brillent et un souffle d'incrédulité dans la voix. En descendant de la scène où ils célébraient vendredi leurs vingt ans de carrière, les six membres d'IAM se sont regardés, au bord du fou rire. «Jouer aux pyramides, c'était parti d'une blague il y a vingt ans, c'est devenu un rêve de gosse, finalement, on l'a fait !»Akhenaton lève les yeux au ciel. Derrière lui, le Sphinx de Gizeh commence à disparaître dans la pénombre. La pyramide de Kheops, la seule des Sept merveilles du monde toujours visible, vibre encore un peu des beats hip-hop des rappeurs de Marseille.

Claque. Premiers artistes du genre à se produire sur ce site exceptionnel, les musiciens d'IAM ont toujours baigné dans la mythologie égyptienne, y puisant pour la plupart d'entre eux leurs surnoms et de multiples références dans des textes bourrés d'allusions à la grandeur des pharaons noirs et des maîtres du Nil.

Mais leur découverte «physique» de l'Egypte ne date que de janvier dernier. Un voyage initiatique du Caire à Assouan, objet d'un documentaire qui sera projeté au festival de Cannes, au mois de mai. «On a enfin mis des images sur tous ces mots, comme Karnak ou Louxor, qu'on a utilisés et usés depuis vingt ans. En fait, on est passés de la radio à la télé», raconte DJ Kheops.

L'Egypte, ils le reconnaissent, c'est un choc esthétique, mais aussi une grosse claque devant la misère sociale, alors que plus de 40 % de la population vit avec moins de 2 dollars (1,30 euro) par jour. «Quand tu es gamin en France, tu crois vivre dans le pire des quartiers, enchaîne Akhenaton. Or ici, d'Assouan au Caire, je n'ai rencontré que des gens qui nous souriaient, qui étaient fiers de nous parler de l'Egypte, alors qu'ils ne gagnent que 20 ou 30 euros par mois. Ce genre de truc, ça remet direct en place.»

Alchimie. Pour souffler leurs bougies, Akhenaton, Shurik'N et consorts se sont fait accompagner. A leurs côtés, sur scène, parmi près d'une soixantaine de musiciens, Khaled et, surtout, l'impressionnant Lotfi Bouchnak, star tunisienne du chant classique arabe, venu mêler ses mélopées aux rimes des Marseillais. Avec les musiciens de l'Orchestre populaire du Caire, les rappeurs ont aussi marié les scratchs aux instruments folkloriques égyptiens. «Le jour où on s'est retrouvés dans Le Caire islamique avec eux, à danser et chanter, quelque chose s'est réellement passé. Il y a beaucoup de similitude dans nos musiques, dans la façon d'aborder les textes, dans les structures des morceaux», souligne Akhenaton.

Galabeyas-turbans contre jeans-baskets, derboukas et nays répondant au flow de Sur les remparts, l'alchimie fonctionne. «Ce qu'on vient de faire sur scène avec eux, ça serait bien d'essayer de le retranscrire sur disque», s'enthousiasme Shurik'N, épuisé par deux heures de concert assurés sous un soleil de plomb.

Après ce show, retransmis en direct sur Internet, IAM aimerait organiser un nouveau concert gratuit, cet été, à Marseille. De notre correspondante au Caire

Pour acheter le DVD du concert: c'est par ici

1 commentaire:

  1. Putain, j'avais la thune, mais pas le temps d'y aller.

    Je m'en mords encore les doigts.

    Merci !

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