mercredi 9 juin 2010

Archive - Critique de Saison 5 (Les inrocks)

Vingt ans : une éternité sur l'escabeau de la musique tricolore. Bien avant qu'on ne parle de nouvelle chanson française, l'Hexagone s'inventait un nouveau langage, inspiré par le grand frère américain, impulsé par le besoin d'un mode d'expression et des perspectives qu'il ouvrirait à la jeunesse.

Avec seulement un cinquième album en plus de quinze ans, les Marseillais d'IAM ont peut-être fait preuve de bien plus de sagesse qu'on pouvait le craindre de la part d'une cité phocéenne toujours prête à l'escalade verbale dès qu'il s'agit d'en remontrer à la capitale. L'horrible Taxi remisé au garage d'où, on espère, il restera éternellement en révision, ils reviennent avec simplicité à leurs affaires ? surtout si l'on considère le danger de surenchère qui guette les poids lourds du hip-hop, entre production pharaonique et guests piqués dans le palmarès des MTV Awards. Sans compter la tentation de rabattre le caquet des jeunes loups qui montrent les dents depuis dix ans ou qui hissent le slam aux Victoires de la musique.

Cette Saison 5 se découpe en dix-sept épisodes avec les cinq ex-jeunes premiers toujours fringants, même si parfois un peu réacs, revenus à une création dans la spontanéité. Entre un hommage au hip-hop sur des beats tordus (Hip Hop ville), une magnifique citation de l'héritage de James Brown (Tu le sais, sur un sample de Lynn Collins), une bizarrerie de grime de la Canebière (Offishall), un rap squelettique qui paie son dû à la culture urbaine (Ça vient de la rue) ou un dégommage du paysage rap français (Rap de droite), IAM réinvente un univers construit sur les bases solides qu'on lui connaît depuis toujours.

Car si les textes se concentrent désormais équitablement autour d'Akhenaton et Shurik'n, la production bénéficie elle aussi de la complémentarité des compositeurs et arrangeurs, entre le classicisme de Kheops, les obsessions orientales d'Imothep (Le Style de l'homme libre) et l'attirance du r n'b moderne (les productions d'Akos et DJ Spank). Un beau redémarrage, si on met le groupe en perspective des artistes américains de la même génération, avec cette Saison 5, qui appellera forcément une suite : plus Soprano que Six Feet Under.

2 commentaires:

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  2. C'est pas pour critiquer Chill de nouveau, j'admire ce mec mais encore une fois quand on voit les production signées AKH dans Saison 5, ce sont pour moi clairement les plus pourries :
    - Tu le sais
    - Coupe le cake
    - CV
    Y'a que " Nos heures de gloire " qui tue !
    Et comme d'ab les prod de Imhotep et Kheops dechirent !

    Sinon quelqu'un sait qui a produit Métèque et Mat et Sol invictus s'il vous plait ?

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