Voici quelques extraits de Culture Rock réalisée par Antoine Garnier en 1996 pour le compte de M6. Cette émission avait pour objectif de replacer la culture Hip Hop dans son contexte politique, social, économique, culturel, artistique. On y croise tant Martin Luther King Jr, que le gouverneur Mc Govern, Kool Herc que KRS1, Latifah que Cornel West, Michael Jordan que Mobb Deep. Temps fort, la rencontre au studio Greene Street du groupe français IAM et des producteurs américains Pete Rock et Easy Mo Bee.
Extrait de l’article paru dans le n° 19 du magazine Power.Paris, 1996. Après négociation, Kamel Mohamed, rédacteur en chef du magazine "Culture Rock" (M6) accepte sans difficultés les deux jours de tournage demandés. IAM est à 5 000 kilomètres de là, enfermé dans les sous-sols du studio new-yorkais Greene Street, travaillant à l'élaboration de leur prochain album. Nous avons convenu qu'il nous fallait absolument capturer l'ambiance de travail du groupe-référence du Hip-Hop français. Ce dernier accepte l'introduction discrète d'une caméra lors de la mise en chantier d'un troisième album au titre encore codé.
Direction New York
“Ba wa wa, yepee yo yeepee yeah”, New York est donc, une nouvelle fois, le terrain d'une enquête rapologique de MC's majeurs. Les hôtesses d'Air France sont toujours aussi avenantes, malgré la crise que traverse la compagnie. Le long-courrier avale l'Atlantique en sept heures.
Il fait beau dans la Grosse Pomme, presque aussi doux que le vent qui balaye chaque matin les immondices abandonnés par des bennes à ordures impatientes de finir leurs circuits. Les membres d'IAM dorment encore. Ils ont passé une partie de la nuit à rassembler les éléments de leur puzzle musical. La réceptionniste du studio propose que nous repassions en fin d'après midi.
En trois coups de téléphone, le producteur Easy Mo Bee, de retour à Brooklyn après une virée à Los Angeles, où il a mixé un titre de Lady of Rage, accepte de passer au studio situé dans le “Village”. Pour Pete Rock qui vient de terminer le remix de "La Face B" d'Akhenaton, c'est plus facile. Carolyne, manageuse du label Soul Brother Records confirme qu'il travaille cette semaine au studio. Il suffit de choisir le bon moment pour que la rencontre soit possible. Finalement, le jour dit, Mo Bee n'a pas eu le temps de passer chez le coiffeur et ne veut pas apparaître face à la caméra coiffé comme avec un râteau. Nous discutons dix minutes. Il revient sur sa décision en apprenant que Pete Rock est également de la partie.
Les bandes “trois quart de pouce” entament leurs manèges sur la tête du gros magnéto enregistreur. Les ingénieurs du son Nicolas Sansano et Dave Wood s'affairent à injecter aux maquettes des Marseillais un sang que la puissance des enceintes et l'effervescence du moment embellissent.
Fabe et Bruiser sont également dans la place. Le parisien a déjà enregistré sa séquence quelques jours plus tôt, "L'Enfer", un projet de longue date que ne verra pas aboutir le défunt East dont la voix hante les choeurs... Fabe vient juste dire bonjour avant un retour imminent vers l'Hexagone. Bruiser, lui, attend probablement son heure, le débit alerte et le sourire charmeur.
Il est maintenant près de 15 heures. Tracy Funches, le photographe, est injoignable. Il est pourtant fortement conseillé de posséder un beeper dans la ville de toutes les opportunités. Il se peut qu'il interroge à distance son répondeur téléphonique, mais dans ce cas, on ne sait jamais si cette opération permet néanmoins de ne pas rater de bonnes occas'. “Tra” se pointe à temps pour les interviews, mais pas pour les freestyles qui s'imposent à la venue des deux héros du son urbain contemporain : Easy Mo Bee, tout comme Pete Rock, est originaire des îles situées dans le ventre du Mexique. Le soleil se couche probablement aux mêmes heures sur nos régions et nous rapproche. Il le comprend et m'offre une franche accolade de brother. Il prend le temps de discuter quelques minutes avec Pete Rock avant que nous ne nous dirigions tous vers le studio B ou officie IAM. Auparavant, Mo Bee m'a confié avoir déjà travaillé avec un groupe français en remixant un de leurs titres dont la qualité l'avait déjà étonné à l'époque. Il ne se rappelle plus du nom, ni du morceau, mais quand je prononce le mot IAM, ses yeux brillent comme un enfant à NoÎl. Il se souvient, mais ne sait pas ce qui l'attend derrière la porte.
Le sourire timide de Chill et la moue de Shurik'n cachent une joie et une fierté mal dissimulée. Kheops et Imothep, toujours aussi discrets, savourent les moments de reconnaissance de leurs pairs américains. Chill fait écouter les premières épreuves. Mo Bee y réagit sans artifices. Il aime. « IAM » dit-il dans un sourire, « I am liking it ». Des sourires s'échangent, la gêne du début se dissipe. Chill appuie de nouveau sur la touche play du DAT. Les instrumentaux de ce qui sera plus tard "Petit Frère" et "Angela" emballent tout ce beau monde qui a maintenant investi le studio : IAM, INI (le groupe du frère de Pete Rock) Pete Rock, Fabe, Easy Mo Bee, Bruiser. La caméra tourne et tourne encore jusque tard dans la nuit. Puis il est temps de se congratuler une dernière fois et de partir. Puis de se retrouver quelques mois plus tard en phase final du projet dans un studio en banlieue-ouest de Paris : où le temps semble s'accélérer et ou les prétentions artistiques changent au fil des pulsations cardiaques.
Source: http://www.souffle2vie.com/
c enorme ce freestyle dommage que sa soit couper ... gmrnico
RépondreSupprimerExcellent ! Tiens, je suis retombé sur une autre vidéo de IAM. Ça m'étonnerait qu'elle n'ait pas déjà été postée sur le blog mais on ne sait jamais : http://www.dailymotion.com/video/x4ggua_live-demain-c-est-loin-ft-kery-jame_music (tout est dans le titre). Peace !
RépondreSupprimerj'ai la video complete environ 30 minutes, que Fabe de la scred connexion m'avait donné à l'époque
RépondreSupprimerBroly, y-a-t-il moyen de se le procurer?
RépondreSupprimerHalimsouissi@hotmail.com (grand merci)