vendredi 26 août 2011

Interview d'IAM après leur concert dans le Pays Basque

Malgré certaines imprécisions dans la retranscription, cette interview est très sympa!!


Première impression du concert, que pensez-vous du public basque ?

Akhenaton : Ils aiment remuer, c’est le cas de le dire. C’était chaud bouillant. À la fin on était un peu mal à l’aise en back stage parce qu’ils voulaient qu’on reste, mais ça aurait été profondément irrespectueux pour le groupe qui jouait après.

Shurik’N : On est habitués à jouer 1h50, du coup même pour nous c’est assez frustrant quand on quitte la scène, c’est une figure imposée. Mais dans l’intensité, on retrouve tous les ingrédients d’une version longue où tout le monde a la banane. On a eu plein d’énergie.

AKH : Les gens ont dansé, bougé et chanté surtout. Ça fait plaisir quand tout le monde répond sur des refrains comme « petit frère ». C’est la meilleure des récompenses.

Le surf vous connaissez un petit peu, vous avez fait un pied de nez à l’industrie du disque pour basculer vers celle du textile. « Il s’passe quoi chez le mac ? » Ça deale des caleçons ?

AKH : Ha oui. Ça vient du coin (AKH montre son caleçon Pull In).

SHKN : Une petite marque qui monte.

Imhotep : Moi j’ai un string léopard mais je ne peux pas le montrer (rires).

SHKN : Avant il avait un caleçon en chanvre mais il a dû le fumer (rires).

Cool que vous veniez soutenir des festivals comme l’EHZ, 100% de bénévoles, des Basques qui se bougent pas mal.

AKH : Aujourd’hui, les festivals qui ne sont pas ultra subventionnés fonctionnent grâce au bénévolat. On a eu la malchance de clore certains festivals qui s’arrêtaient cette année. Notamment dans notre région, qui est ultra sinistrée culturellement, le Sud Est de la France. Si vous n’avez besoin de rien, vous pouvez aller là-bas. Vous ne verrez rien. C’est tragique parce que les gens perdent l’habitude de sortir et d’aller aux spectacles et ces festivals disparaissent parce que même le bénévolat n’arrive pas à couvrir leurs besoins. Il y a un gros écart entre la musique ultra subventionnée pour 150 spectateurs et les gros festivals qui font 10 00 personnes qui n’ont aucune aide. Il faut donc arriver à trouver une implication du privé.

Musicalement qu’est-ce qui a changé ?

AKH : La télé réalité, les comédies musicales. C’est une véritable catastrophe culturelle, ça fait dix ans que ça dure et il y a toute une génération qui a grandi dans cette musique et dans cette manière de penser. Quand on a des discussions aujourd’hui sur la musique, les gens nous disent que la musique, c’est cher. Mais quand je regarde la personne et que je vois une paire de baskets à 250 € et un jean à 160€, je me dis que c’est une question de priorité. Aujourd’hui la musique a dégringolé dans l’ordre des priorités puisqu’elle est gratuite. Les gens disent que la musique est chère mais ils achètent des sonneries de portable à 4€50… 4€50 le pet à retardement.

Imhotep : Je te le fais gratuit si tu veux (rires).

Vous avez parlé de la gratuité de la musique, que pensez-vous de la loi HADOPI l’interdisant ?

AKH : Les gens passent leur journée à regarder des clips sur Youtube et Dailymotion ; ces boîtes vendent des espaces pubs énormes et les artistes dont la musique est diffusée ne touchent pas un centime sur cette diffusion. Commençons par reverser un peu de ce qui est perçu en pub aux artistes. À une époque, on arrivait à vivre de droits d’auteur et de diffusion TV et radio. Pour un groupe qui démarre aujourd’hui et qui espère vivre de sa musique, c’est beaucoup plus compliqué.

SHKN : Youtube c’est une catastrophe sonore, une catastrophe culturelle et quand tu lis les commentaires en dessous, ça fait peur, tu as l’impression que c’est une discussion de canards. Et il y a pire que ça. Il y a des grandes maisons de disques, dont je tairais le nom, qui, pour vendre des abonnements de musique, donnent gratuitement la musique de leurs artistes.

Quelles maisons de disques ?

AKH : La nôtre. Quand tu leur demandes : « comment vous faites pour répartir les ventes ? », ils te répondent « Ha ben on fait pas. On ne vous paye pas. Regardez votre contrat à la page 25, paragraphe « ventes promotionnelles » ». En fait ils utilisent ta musique pour vendre des voitures comme Peugeot. Quand tu achètes une Peugeot, tu as gratuitement accès au catalogue Universal. Là, c’est autrement plus grave que la copie, parce que ce sont les majors qui continuent à s’en mettre plein les fouilles, et les artistes sont encore les dindons de la farce. C’est le problème du faux discours de la libération d’internet… Cela a recréé d’autres monstres car les gens se sont dit « on va libérer la musique », « la musique est à tout le monde », comme avec Youtube ou Pirate Bay. Ce sont des géants qui brassent des millions tout comme des majors, mais en plus ils ne payent pas les artistes. C’est encore pire, c’est un système libéral encore plus agressif et plus injuste que celui qu’il y avait avant.

En parlant de musique, votre prochain album a été repoussé ?

AKH : ll n’est pas repoussé, il n’était même pas programmé.

Il est prévu pour quand exactement ?

AKH : Il est prévu

SHKN : C’est le tien dont il parle.

AKH : Il est fini, on réfléchit encore aux formats de sortie. C’est une véritable question que je me pose, de savoir si on sort en physique ; j’ai eu des expériences où je suis sorti uniquement sur internet. On a essayé des choses en solo, tenté diverses expériences.

Et celui d’IAM on l’attend aussi ?

AKH : Celui d’IAM il est programmé, parce qu’on est en contrat et on peut donner des dates. Sans dévoiler ce que ça va être, c’est un album concept qui sortira autour de mai 2012, en même temps que les élections présidentielles.

Du coup tu disais que tu avais fait de nouvelles expériences, Melabel (label d’AKH en auto production sur internet only, NDLR) bonne expérience ?

AKH : C’est une bonne expérience, mais c’est une expérience difficile. Il y a eu des victoires puisqu’on a pu faire distribuer certains disques à nos conditions. Les distributeurs ont pris le disque sans demander de retour. Il y a des pays comme la Suisse où ça se passe encore mieux puisqu’ils nous prennent des grosses quantités. Sur la partie abonnement c’est plus dur, car ce sont des concepts sur lesquels il faut encore faire évoluer les mentalités. Aujourd’hui je fais un morceau par mois, les gens peuvent le remixer et m’envoyer leur version du titre. Puis il y a les gens qui nous aiment et qui veulent du physique. Nos abonnés peuvent acheter au prix coûtant la pochette, le livret et la rondelle du disque et ensuite graver leur cd pour avoir un véritable album. Il y a encore des gens qui nous disent « on n’aime pas le téléchargement, on veut l’album physique ». Pour l’instant, internet ne remplace pas le physique.

Un petit lyrics « trop de fric dans les radios » (NDLR « We luve New York », AKH, Melabel), il y en a qui n’en ont pas tant que ça et qui se battent pour aller chercher leur actu.

AKH : Ca dépend des radios, on fait la distinction. Ce qu’on disait sur les radios, c’est que la régie publicitaire des grosses radios décide de la playlist. Pourquoi il n’y a pas de rap dans les grosses radios ? Parce que l’annonceur ne veut pas cibler un public qui n’a pas d’argent et qui ne consomme pas. La régie calibre des morceaux en fonction du public qu’elle estime avoir un certain pouvoir d’achat. Aujourd’hui on a des playlist de 20-30 morceaux. Le problème est là.
Merci !

AKH, Shurik’N: Merci à vous et bon courage !

3 commentaires:

  1. Un nouvel album solo de Chill, alors ? C'est boooon çaaaa !

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  2. Un nouvel album d'AKH, ça c'est une exlu !

    Mais bon moi j'ai des doutes sur son flow et ses instrus d'en ce moment.

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  3. En fait AKH parle sûrement de la compilation des titres faits pour Melabel. C'est surement ça le "nouvel album solo". Rien d'inédit pour les abonnés.

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