[Le Dauphiné.fr] Akhenaton: “Le rap est à l’image de notre société”

Beaucoup de Marseillais viennent dans les Hautes-Alpes. Vous allez jouer en terrain conquis…

« Je ne crois pas que ce soit le cas quand on entend parler les Haut-Alpins des Marseillais… (rires) Ceci dit, c’est la première fois que l’on vient jouer, ici, à Briançon et dans ses environs. Et c’est une bonne chose. J’aime bien passer de grands festivals qui rassemblent 90 000 personnes à des petites salles plus intimistes. Nous sommes plus près du public, même si le fait de voir les visages est plus intimidant. Et c’est souvent là que c’est le plus rempli. J’espère que ça va être le cas au Monêtier. »

Votre collaboration avec Faf Larage est une première. Pourquoi maintenant ?

« Notre collaboration s’est faite instinctivement. Nous nous voyions tous les jours dans le même studio, à Marseille.

Cet album est né d’une discussion. Nous avions envie de nous faire plaisir sans avoir au départ une logique d’album. Nous avons d’ailleurs choisi de sortir le projet indépendamment d’une maison de disques, sans forcément avoir un gros budget. C’est d’ailleurs pour cette raison que, même si l’album tourne autour de New York, nous avons enregistré dans nos studios. Sans guest star américaine. »

Cet album, véritable hommage musical au berceau du hip-hop, est moins engagé. Pourquoi ?

« Nous n’étions pas trop dans cette logique. Nous voulions un album un peu plus serein, léger, sans faire de fixation. »

Depuis le début de votre carrière avec Iam, vous avez informé, dénoncé… Pensez-vous avoir eu un impact sur le public ?

« Nous avons eu des retours mais nous restons marginaux. Comment peut-on comparer l’impact des chansons d’Iam sur le public, face à celle que peuvent avoir les médias de masse ?

Si une chaîne comme TF1 veut faire passer un message sur l’insécurité, elle va balancer 150 reportages sur les agressions, 30 000 sur les cambriolages. Nos paroles ne valent rien à côté. »

Qu’est-ce qui vous fait le plus bondir aujourd’hui ?

« Notre classe politique est soumise au système financier, aux banques. On nous impose le nucléaire, on nous parle du gaz de schiste. C’est vraiment triste. Surtout que je n’ai pas envie de laisser un monde “de merde” à mes enfants.

Mais, à 20 ans, on est idéaliste. À 40, on l’est beaucoup moins. On perd ses illusions avec le temps. On finit par se lasser de se battre contre des trop grosses machines. »

Et que pensez-vous de l’état actuel du rap français ?

« Le rap actuel est à l’image de notre société. On y trouve des combattants, des cupides, des ingénieux… Ceux qui sont mis en avant répondent aux critères actuels.

Mais il y a certains gamins qui sont bons. Comme Orelsan qui écrit particulièrement bien. Quant à dire que c’était mieux avant, on relativise, on laisse glisser. »