lundi 21 mai 2012

[Dépêche AFP] Entre deux tournées avec IAM, Shurik'N sort un nouvel album "pour le plaisir"


MARSEILLE — "Tous m'appellent Shu": 14 ans après "Où je vis", Shurik'N, membre d'IAM, sort un deuxième album né sur la route, "pour le plaisir et sans pression". Eternel "révolté", il défend une "vision engagée du hip-hop", un peu oubliée à son goût par les jeunes rappeurs.
"Ce n'est pas un come-back", précise d'emblée le discret Geoffroy Mussard (de son vrai nom), qui n'a jamais eu l'ambition de faire une carrière solo.
Son premier opus paru en 1998, en pleine aventure IAM, avait rencontré un succès dépassant ses espérances: double disque d'or et encore aujourd'hui des commentaires positifs. "Je ne me doutais pas que les gens l'auraient traîné aussi longtemps dans leur tête et dans leur coeur", confie-t-il dans un entretien à l'AFP, dans sa ville natale de Marseille.
"Je n'avais pas fait de tournée, j'avais rejoint la meute directement après. Celui-là, je vais le défendre", promet le MC de 46 ans. Déjà en concert à Lyon et Valence en avril, il était samedi soir à Montpellier, avant Biarritz, Bordeaux, Nantes...
Le défendre, sans délaisser pour autant la scène avec ses complices de IAM. "On a la chance d'être booké toute l'année, avec en moyenne deux dates par mois hors période estivale", se réjouit-il, car "l'éclate suprême, c'est quand même de partir sur la route et jouer".
L'envie d'un second album est revenue en tournée, "petit à petit". "Quand tu pars quatre à cinq mois de l'année, avec une vingtaine de bonshommes dont certains sont producteurs, d'autres rappeurs, d'autres danseurs ou DJ, forcément il y a plein d'idées" qui émergent, raconte l'artiste d'origines malgache et réunionnaise, ancien chaudronnier de profession.
Venu au hip-hop par la danse, Shurik'N (un surnom en référence à l'Asie, pour ce passionné d'arts martiaux) a commencé à écrire en 1986-87 avec son frère Faf Larage, aux prémices du rap français. Avant de rencontrer Akhenaton et DJ Kheops: c'est la naissance de B Boys Stance, vite rebaptisé IAM.
Après 25 ans de carrière, il livre un disque de "la maturité", salué par la critique, et "fidèle à ses convictions, qui ne s'aligne pas sur les sons du moment", relève l'écrivain et journaliste spécialiste du rap Olivier Cachin.
L'album se veut plus ouvert que le précédent, qu'il avait composé seul. Pour "Tous m'appellent Shu", il raconte avoir "croisé d'autres univers", "sélectionné des producteurs pour aller puiser dans leur univers", convié Akhenaton, Saïd ou Samm (Coloquinte).
Se succèdent morceaux lumineux, comme "Le Sud", "Vivre" ou "Tranche de vie", et morceaux "coups de gueule", tels "Une flamme dans le noir", "La même chose" ou "Mon fils", inspiré d'un fait divers et racontant l'histoire d'un père qui perd son enfant et se fait justice.
Une belle plume, une performance technique, des "sujets denses pour une vision engagée, issue d'une culture hip hop", quand les nouveaux groupes oublient souvent, selon lui, d'où le rap vient et "représentent plus leur bloc et leurs potes que le public" à qui ils s'adressent.
"Dénoncer, c'est notre conception à nous du rap", insiste Geoffroy Mussard, inquiet du "monde dans lequel on vit", des dérives de la liberté d'expression qui poussent politiques et médias à "relayer des phrases qui ne devraient pas l'être", des "épouvantails qu'on brandit", de la burqa à la viande halal.
Un rap conscient qu'il mettra encore à l'honneur, en collectif cette fois, dans le nouvel album de IAM, attendu début 2013.

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