vendredi 15 juin 2012

Interview de Shurik'n à l'occasion de son concert de demain à Biarritz



Membre fondateur de la formation mythique IAM, pionnière dans le milieu du rap dans l’Hexagone, Shurik’n sort l’album Tous m’appellent Shu. A l’occasion de sa première tournée solo, l’artiste sera samedi à l’Atabal, pour un concert qui reprend l’ensemble de son répertoire. 

Est-ce que tu peux nous présenter ce second album solo ?
C’est un second album qui arrive 14 ans après le premier, D’où je vis. Il y a eu une longue période de gestation, j’ai commencé à gratter les premiers textes sur la route avec IAM il y a environ deux ans et demi. Par rapport au premier, cet album est plus lumineux, vu le contexte différent dans lequel il a vu le jour, et une évolution personnelle et musicale. L’album est né dans une dynamique de tournée. On a décidé avec le groupe de tourner en continu. De cette dynamique d’échanges naissent de nombreuses idées et concepts, beaucoup de plaisanteries aussi. L’album a ainsi germé dans ma tête. Autre différence par rapport au premier album, je ne l’ai pas tout fait seul au niveau musical, je me suis entouré de DJ’s. Le challenge, car il en faut bien un, a été de pénétrer leur univers et d’y trouver un espace où je puisse m’exprimer. Je souhaitais dès le départ jouer cet album sur scène, une épreuve suprême pour tout artiste, un retour direct sur son travail. La scène reste l’essence, la finalité de tout groupe. Autre chose dont j’ai pris tardivement conscience, au-delà des chiffres et des ventes du premier album, c’est que les gens l’ont porté super longtemps dans leur cœur. En tant qu’artiste, tu mets tes tripes pour faire un album, mais le processus de création est un acte égoïste. On se rend compte au final que le résultat ne nous appartient plus, et les gens vont lui insuffler la vie ou pas.

Tu reviens toujours à IAM, ils sont présents sur l’album, alors pourquoi ce besoin d’album solo ? Montrer une partie plus intime de toi-même ?
Je me suis toujours pensé comme un animal de meute, mais de temps en temps, j’ai mon côté tigre, où je pars tout seul dans la jungle. J’exprime alors des choses plus personnelles, que je ne peux pas imposer ça à six personnes. Après, nous sommes ensemble depuis 24 ans, avec IAM, ils sont omniprésents dans mon quotidien.

Tu déclares dans une interview récente déplorer le manque de culture hip-hop chez les jeunes.
Je ne le déplore pas, c’est juste différent. Je déplore que la vie, de par l’évolution de la société, soit aujourd’hui perçue différemment. Avec IAM, nous sommes encore du côté de la hip-hop culture. On a conscience que ce que l’on fait entre dans une discipline beaucoup plus grande que ça, au même titre que la danse, le graff, le DJing. Pour nous, avoir un micro, c’est savoir faire la fête, parce que le rap, à la base, c’est des “bloks party” et non des DJ’s.  Autre aspect qui nous intéresse, le côté journaliste urbain, le côté prise de position. La nouvelle génération, bien que connaissant sa culture et la convenance de son art, est plus dans le rap en tant que musique tout simplement.

C’est le constat que tu fais de l’état actuel du rap dans l’Hexagone ?
Force est de constater qu’une direction a été prise, et qui n’est pas forcément la nôtre. Dans notre société, on a commencé à tomber dans un rap d’emballage, de forme plus que de fond. Après, je ne dis pas qu’il ne faille que l’un ou que l’autre, mais que les deux soient représentés de manière égale. Et pas qu’on essaie de nous faire croire, après 25 ans de présence dans le panorama musical français que le rap ne reste qu’une musique “bling-bling” avec des filles pleines de cellulite sur des capots de bagnole.

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