vendredi 14 septembre 2012

[Le Monde.fr] Imhotep, aux côtés de Médine et Rim'K, évoque l'Algérie


Pour Imhotep, 52 ans, compositeur du groupe IAM, les rappeurs français comme les jeunes qui les écoutent ont trop souvent construit leur identité sur des bribes d'histoires, des non-dits, "d'où une certaine violence contenue". Imhotep a joué un rôle important dans l'essor du rap algérien, participant dans les années 1990 à l'enregistrement de disques des groupes algérois Intik et Hamma, dont on retrouvera certains membres aux concerts de l'Institut des cultures d'islam le 22 septembre.


"Même si l'Algérie fait partie de mon identité, je n'en fais pas un étendard", affirme le DJ marseillais. Né en Algérie, Imhotep, de son vrai nom Pascal Perez, est issu d'une famille de pieds-noirs installée au Maghreb depuis le XIXe siècle : "Ce n'était pas des colons fortunés, précise-t-il. Mon grand-père tenait une librairie à Alger. Parce qu'il avait des clients arabes, et qu'il vendait des livres en arabe, l'OAS lui plastiquait sa boutique. Au bout de la deuxième fois, il en a eu marre. On est rentrés en France. Ensuite, après 1962, je suis revenu tous les ans jusqu'aux années 1990. J'ai des oncles et des tantes mariés avec des Algériens."
Dans la famille du musicien, le conflit franco-algérien est encore un tabou :"Surtout pour ceux qui ont été enrôlés de force par l'armée française. Et encore, j'ai la chance de venir d'une famille de gauche, qui avait un positionnement assez clair sur la guerre."
Rim'K, le chanteur de 113, partage avec Imhotep un lien intime à l'Algérie. Né en France de parents kabyles, il est l'auteur de Tontons du bled, qui racontait le retour annuel des beurs en Algérie pour les vacances : "Chez moi, raconte-t-il, on parlait de la guerre même si c'était douloureux. Mon grand-père paternel, par exemple, s'est retrouvé déchiré à ce moment-là. Il avait combattu pour la France en Indochine et, quelques années après, il devait choisir entre le pays qui l'avait engagé militairement, la France, et le pays où il est né, l'Algérie. Mon père était aussi dans la résistance, mais pas de manière officielle : il magouillait, il cachait des gens recherchés... J'ai aussi un grand frère qui est né sous les obus en 1957."
"Digne et entêtée"
Médine, connu pour son packaging au slogan "I'm Muslim, don't panik" ("je suis musulman, ne paniquez pas"), est originaire du Havre, en Normandie. Il a mis la première fois les pieds en Algérie cet été pour le cinquantenaire de l'indépendance, le 5 juillet. Fils d'un Algérien naturalisé français et d'une Franco-Kabyle, il y est parti pour tourner le clip de sa chanson Alger pleure, mais aussi pour confronter la réalité à celle de l'Algérie qu'il imaginait "orientale, digne et entêtée" : " Je voulais à travers un voyage initiatique me plonger dans l'histoire franco-algérienne. Je suis porteur, dans mon propre code génétique, de ce conflit. Je suis content d'aborder ces questions à l'âge adulte. Quand tu le fais à l'adolescence, au moment de te construire, tu n'es pas forcément apte à recevoirdes informations. Souvent, les jeunes issus de l'immigration qui retournent dans le pays de leurs parents pour les vacances sont parfois très marqués par une certaine précarité de l'Algérie. Ils reviennent ensuite sur le territoire français avec de l'amertume."
Médine a bien eu du mal aussi à reconstituer le parcours de ses aïeux : "Quand je pose des questions, il y a toujours un malaise. Ce que mon père m'a expliqué, c'est que mon grand-père faisait partie de ce que l'on appelle "les oubliés". Il a servi le FLN pendant la guerre d'indépendance, mais, quand il a réclamé son dû, il n'a pas pu prouver son engagement et son implication. Juste avant que le conflit n'éclate, il travaillait pour un marchand de tissu qui a dû partir après l'indépendance. Mon grand-père s'est retrouvé sans indemnités du FLN et sans travail. Il a donc émigré vers la France. Il y a des Algériens qui ont été oubliés, pas seulement les harkis, pas seulement les pieds-noirs, mais aussi les Algériens qui ont lutté activement pour que l'Algérie gagne son indépendance."
Médine et Rim'K ont participé aux célébrations du cinquantenaire de l'indépendance en juillet à Alger. Invité à l'Institut des cultures d'islam, Imhotep, retenu à Marseille, a dépêché ses complices DJ Djel et DJ Rebel, conscient de l'exception ouverte par l'établissement de la Goutte-d'Or. Médine comprend que les rappeurs ne soient pas conviés aux festivités parce que souvent, dit-il, "on bouscule, on met le doigt sur ce qui pose problème : une identité en construction". Lui s'en moque : un de ses textes, 17 Octobre, vient d'être choisi par l'éditeur scolaire Nathan pour illustrer la guerre d'Algérie dans un livre d'histoire de terminale scientifique.

1 commentaire:

  1. bon geste..faut aussi corriger!!et relier les liens... la tolérance et la solidarité pour changer les termes colonialisme... nchallah la paix avc la future génération

    RépondreSupprimer