Les bad boys de Marseille au coeur d'un petit Woodstock champêtre. C'était hier soir à Saint-Colomban,dans le pays de Retz, au dernier jour d'un festival qui tient ses promesses.
Elle est branchée rap, lui plutôt rock, ils viennent de Vendée pour la soirée. Pour faire plaisir à Virginie, Frédéric a revêtu un tee-shirt aux couleurs de L'École du micro d'argent, disque d'or d'IAM sorti en 1997. Ce n'est pas un gros sacrifice. « Ça pourrait être pire ! » En matière de rap, il y a plus dur, plus obscur que celui du collectif sudiste. D'ailleurs, dans le public de Mégascène, il n'y a pas que du fan pur né sous la même étoile rap, mais beaucoup de curieux venus assister à leur premier IAM en live.
« Plus chaud qu'à Marseille ! » Douze degrés pour leur précédent concert, à Ivry la semaine dernière, trente à l'ombre hier à Saint-Colomban. Après sept heures de route et une pause au McDo, la caravane IAM (dix-sept personnes) a rejoint la petite ville de 3 000 habitants. Akhenaton, Shurik'N, Khephren, Imhotep et Kheops ont posé leurs machines dans le champ squatté depuis des années par le festival. Mégascène, petit festival au nom tout aussi pharaonique que leurs pseudos, c'est un peu la face B de leur série de concerts, à côté des Zénith et autres shows au pied des pyramides d'Égypte.
Un concert à la campagne, ce n'est pas non plus la traversée du désert : « c'est une vraie partie de plaisir » clame Fabien Fragione, frère d'Akhenaton et manager du groupe. « On affectionne particulièrement ces scènes-là. Et puis, en ce moment, on n'est pas dans une logique de tournée. On n'a rien à vendre, ni album ni partenariat radio à défendre. On peut alors repartir à la reconquête d'un public avec un mélange d'anciens titres et de nouveaux. Le public ? De douze à cinquante ans, 40 à 50 % de filles, une atmosphère relaxe à l'image de la scène. »
Avec IAM en tête d'affiche (qui comptait aussi hier soir The Spewmen, Jim Murple Memorial, les Plasticines, Sheeke groove station et Tri bleiz die), Mégascène a frappé fort pour sa 21e édition. Décalé lors de la première ¯ en 1990, un unique concert sur une remorque de tracteur devant deux cents personnes ¯ son nom pourrait aujourd'hui passer pour un brin mégalo s'il lui prenait l'envie de voir encore plus grand. Ce n'est pas le cas. « On veut rester à taille humaine, pas changer de site. Le champ en pente jusqu'à la scène avec les gens qui s'allongent dans l'herbe, on dirait un petit Woodstock ! On est chez nous ici », explique Jérôme Lefrançois, l'un des organisateurs, parmi 300 bénévoles. Ces derniers ont fait les greniers pour aménager les préfabriqués qui servent de loges. « Si on accueille bien l'artiste, on le retrouve sur scène. » L'ambition de Mégascène s'exprime plutôt en termes artistiques : Jérôme Lefrançois se verrait bien programmer un jour « la reformation de Noir désir, celle de Téléphone ou de Zebda. » Il n'y a que les méga rêves qui font les mégascènes.
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