lundi 16 août 2010

Journal du Dimanche: Akhenaton filme un conte musical

Le rappeur signe une fiction entre rap, soul et chansons.

Adepte du micro comme rappeur au sein du groupe IAM, Akhenaton goûte également au maniement de la caméra. Le MC (master of ceremony) de la cité phocéenne est un passionné de cinéma depuis son enfance. Gamin, il tapissait le mur de sa chambre de couvertures du magazine Première. Féru de 7e art, Philippe Fragione a nourri ses textes de références cinématographiques (Star Wars, Le Bon, la Brute et le Truand, Scarface, La Section Anderson…). Et franchi le cap de la réalisation avec des clips, mais aussi un long métrage tourné avec son complice Kamel Saleh (Comme un aimant, 2000). Il récidive avec Conte de la frustration, diffusé ce soir sur France 2 dans le cadre de la collection "Identités". Une fiction musicale dont le concept assez original lui permet de concilier ses deux passions pour l’image et le son, le cinéma et la musique.

Soit un téléfilm rythmé par quatorze chansons narrant vingt-quatre heures de la vie de Daniel, un jeune homme coincé entre son boulot minable et ses rêves de musicien, dont le destin va basculer tragiquement sur un mauvais choix, une décision a priori anodine, mais fatale. A l’origine de ce projet, il y a un album écrit et composé en 2008 par Akhenaton. "Je voulais raconter une seule et même histoire dans un disque", raconte le rappeur. Il le fait écouter à son ami, Didier D. Daarwin, fondateur du collectif de graphistes Tous des K, concepteur des pochettes d’IAM, photographe et réalisateur de clips. "Nous sommes immédiatement convenus de mettre Conte de la frustration en images, les chansons possèdent une telle force cinémato- graphique", poursuit Didier D. Daarwin.

Une inexorable descente aux enfers
Tourné en deux semaines à Marseille, de nuit et en plein hiver, le film bénéficie d’un casting solide, à commencer par les deux protagonistes principaux: Nicolas Cazalé et Leïla Beikhti. Le premier est impeccable en jeune adulte immature, égoïste et frustré. La seconde touchante et juste dans le rôle de la petite amie aimante, mais blessée par l’inconséquence de son homme. On retrouve également Roschdy Zem, Omar et Fred, Oxmo Puccino, sans oublier les complices marseillais comme Soprano, Saïd et Shurik’n en videur de boîte de nuit au coup de boule ravageur… Des maladresses, mais… Avec ce film, Akhenaton, marseillais d’origine italienne, exprime pleinement sa fibre intimiste et mélancolique.

Point de critique sociale, nul brûlot politique mais le récit d’une inexorable descente aux enfers. On retrouve certains des thèmes fétiches du rappeur: l’introspection, la passion comme boussole, les pulsions mal maîtrisées et la rédemption, les amours fanées et les rêves envolés. Si le scénario souffre par moments de maladresses et d’un sentimentalisme parfois fleur bleue, le concept du film fonctionne parfaitement. Les scènes jouées et chantées s’imbriquent et se répondent habilement pour apporter un supplément d’âme au récit. Aux côtés des acteurs, Akhenaton, Amel Bent, les rappeurs Faf la Rage, Sako et Veust Lyricist apparaissent alors à l’écran pour exprimer la psyché, la conscience et les tourments de chaque protagoniste. Les quatorze chansons du disque sont disponibles sur le site Internet ( www.akh.me-label.com ).

Eric Mandel

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